A la maison

Je rentrais un peu plus tôt. Je n'avais pas eu le coeur à travailler tard aujourd'hui. Ma cape sous le bras et des dossiers à la main, je franchis la porte de la maison.

- Il y a quelqu'un ?

J’espérais y trouver ma famille. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi mais ils n'avaient manqués aujourd'hui. Je soupirai. J'accrochais ma cape à l'un des portes manteau de l'entrée.

Je sursautais en entendant la voix de mon mari. Que faisait-il ici à cette heure-ci ? Il y avait-il un soucis ?

Je posais les chaussures sur la table et me dirigeais vers l'entrée.

- Mickaël. Que se passe-t-il ?

Je ne pouvais m'empêcher d'avoir mon regard inquiet. L'académie avait appelé ? Nos enfants avaient-ils eu un accident ?

Je ne pus m'empêcher de sourire en la voyant ainsi.

- Détends-toi Ro. Tout va bien, je me suis juste arrangé pour rentrer tôt.

Je m'étirais. J'avais quand même eu une longue journée.

- Où sont les petits ? Tu as réussis à trouver des nourrices ?

J'avais un peu honte de moi, je n'avais pas eu une seule seconde pour y songer.

Je laissais mes épaules retomber. Tout allait bien. Etait-ce possible ? Bon et bien tant mieux.

- Désolée, j'ai eu peur.

Je lui désignais le petit salon menton.

- Ta fille s'improvise peintre je crois. Mais non je n'ai pas encore trouvé notre bonheur, je ne sais pas comment je vais m'arranger demain.

J'avais jusque dans le salon où était Prayen. Je m'approchais d'elle et elle voulait me prendre dans ses bras. Par réflexe j'attrapais ses petits poignets dans mes mains.

- Allons déjà laver ces menottes avant le calin, d'accord ?

Je soulevais ma fille et la menait jusqu'à la salle de bain. J'élevais la voix pour être entendu de Romane.

- Un de tes frères peut peut-être les garder, non ?

Je les suivit jusqu'à la salle de bain.

- Si c'est pour vous entendre vous chamailler avec Lucas non merci. Et Tony a beaucoup à faire, il a sa petite à garder.

Une idée me traversa l'esprit.

- Que penses-tu de ma soeur ?

Non, je ne l'avais pas vu depuis des années, je n'allais pas lui envoyer un souffle pour demander un service.

Je lavais les mains de ma fille avec énergie.

- Je fais des efforts avec ton frère. Je te le promets.

Je fronçais les sourcils. Pourquoi pensait-elle à Marion ?

- Comment cela ? En général ou pour garder les petits ?

- En public oui, je n'en doute pas, mais je préfére éviter une crise privée.

Je lui fis un sourire assez sec. J'aurai aimé qu'ils s'entendent mais c'était plus qu'un miracle qu'il me faudrait. Je haussais les épaules à sa prochaine question.

- Pourquoi pas les deux ?

- Sincérement Ro, à chaque fois que nous le voyons, cela n'attire que des ennuis. Je suis désolé, mais c'est la vérité.

Je préférais ne pas regarder ma femme. J'essuyais les mains de ma fille et je ma pris dans mes bras.

- Où est le petit ?

Comment répondre à sa question sans la froisser ? Bah en étant sincère je suppose.

- Je ne la connais pas. Mais elle vit avec ton frère, il l'a élevé. Je ne souhaite pas lui confier les petits.

- Il dort dans sa chambre.

J'avais répondu assez séchement. Je respirais calmement. Je ne pouvais pas en vouloir à Mickaël. Il me considérait en égale alors qu'il aurait pu en être autrement.

- Je dois avouer que je ne lui fait pas confiance non plus. Elle a grandit en me haïssant. Je regrette souvent que Claire ne l'ai pas élevée comme ce fut le cas pour nous.

Enfin, on n'allait pas refaire le passé. Je m'écartais de la porte pour les laisser passer.

J'emportais Prayen dans la chambre de son petit frère où je constatais qu'il dormait tranquillement, avant qu'on ne le réveille je ressortis dans le couloir.

- Claire était quelqu'un de bien, je l'appréciais. J'imagine à quel point elle doit te manquer.

Je passais dans la chambre de Dewara et fronçais les sourcils.

- Où sont nos deux aînés ?

- Merci, tes paroles me touchent.

Je baissais les yeux. La mort de ma soeur aînée avait laissé un vide immense en moi.
Je n'eus pas le temps de m'éterniser sur le sujet. La question de Mickaël me ramena à la réalité.

- Tu plaisantes ?

Je le regardais dans les yeux. Non il ne plaisantais pas. Je tournais le dos et descendis à la cuisine.

- Ils sont à l'académie.

Je ne connaissais pas du tout Romane à cette époque et je ne savais pas du tout comment elles étaient ensemble. Mais je ressentais sa tristesse à chaque fois que nous parlions de Claire.

"Tu plaisante ?" Je fronçais les sourcils. Pourquoi était-elle agressive soudainement ? Qu'avais-je dis de mal ? Je croisais son regard et je n'aimais pas ce que j'y lus.

A l'académie... Etais-je bête ? Je baissais le regard, cela m'avait totalement échappé. Elle avait raison de m'en vouloir et je soupçonnais Astelar et Dewara d'être furieux eux-aussi.

- Je suis désolé... je ne sais pas quoi dire.

- Ce n'est pas auprès de moi que tu devrais t'excuser.

Je soupirais. J'avais toujours peur avec le métier que nous faisions. Et si nous étions tués ? Que deviendraient nos enfants ? Mais je ne m'étais jamais inquiètée de mon seul sort jusqu'à ce soir. Mickaël saurait-il s'occuper de nos enfants comme il le faudrait ? Je baissais les yeux et tendis la main vers la fille.

- Viens je vais te faire ton goûter.

- Oui tu as raison. J'ai des choses à voir avec Christal, je me rendrais à l'académie pour leur faire un petit coucou.

A la base j'avais prévu de correspondre par souffle avec la directrice de l'académie mais ma bourde était impardonnable. D'ailleurs il fallait que je trouve une solution pour que ma femme me pardonne. Je n'aimais pas être en froid avec Romane.

- Je vais t'aider.

- Quelle genre de choses ? Tu me caches quelque chose Mickaël ?

Je posais ma fille sur un tabouret et j'attendis que mon mari me rejoigne. J'étais en colère. Je ne comprenais pas son comportement envers moi. Nous étions quand même mariés et nous avions des enfants ensemble ! De temps en temps je ne me sentais associée à lui. Ces moments ne duraient jamais mais ils étaient désagréables.

- Tu n'as pas du travail à faire plutôt ?

- Je ne voulais pas t'inquièter, je suis désolé, je me rends compte que ce n'est pas très intelligent.

Christal comptait sur moi pour que je transmette le message à ma femme, je ne l'avais pas fait. C'était une mère mais c'était une combattante avec tout, je ne devais l'oublier.

- Il y a eu une bombe d'envoyée à l'académie. Elle n'a pas explosé, on n'a pas à s'en faire.

Je soupirais à sa pique mais je l'avais bien méritée.

- Je suis rentré plus tôt pour passer du temps avec toi et les enfants.

- Une bombe ? Envoyée par qui et à qui ?

Je tâchais de conserver un ton neutre. Christal avait les professeurs de la caste mécanique à sa disposition au besoin mais je devais avouer que j'étais inquiète. J'avais mes deux enfants aînés à l'académie. J'espérais que cette information n'irait pas jusqu'à eux.

- C'est quand même une méthode étrange.

- Sandra Carreno et c'était bien entendu anonyme.

Je ne connais pas cette jeune fille ni sa famille. Je me demandais si les espions de Romane pourrait m'en apprendre plus.

- C'est exactement ce que je pense aussi. Ce colis n'avait aucune chance de passer la détection de Cristal. Alors pourquoi se donner la peine de nous l'envoyer ?

- Tu auras un dossier sur elle et sa famille demain soir sur ton bureau.

Je donnais une tartine de miel à ma fille, elle adorait ça. Puis je haussais les épaules. Pour moi, cela me semblait évident, et assez intelligent.

- Pour nous faire regarder autre part. Et nous n'avons pas le choix d'enquêter. Une bombe c'est grave.

- Je te remercie, tu es très efficace ma chère.

Je songeais aussitôt que Romane avait clairement identifié la situation. Les complots cela la connaissait après tout. J'avais de la chance de l'avoir comme alliée plutôt que comme ennemis. Je comprenais mieux comment par le passé, certaines de mes idées avaient été déjouées aussi facilement.

- Je suppose que nous n'avons aucune chance de trouver qui a envoyé le colis ?

- Comme toujours voyons !

Je ne pus m'empêcher de sourire, j'aimais beaucoup les compliments de Mickaël, ils n'étaient jamais fait à la légère.

- Très peu de chance en effet. Je suppose que le concierge n'a pas consigné l'oiseau ?

- Oui c'est vrai.

Elle connaissait ses propres qualités et cela me faisait sourire à chaque fois. Romane n'avait pas sa langue dans sa poche.

- On a déjà eu de la chance que le concierge s’aperçoive que le colis était suspect.

- Christal a augmenté la sécurité je suppose ?

Cela ne servirait à rien. Mais il fallait le faire. Les parents allaient s'inquièter si aucune mesure n'était prise.