De retour au travail

- Et bien vous êtes renvoyé !

Je détestais élever la voix en publique mais cette fois c'était trop ! Cet idiot d'assistant n'était même pas capable de me transmettre un message urgent ! Pour quoi était-il payé ?

Je soupirai en regardant le petit homme s'enfuir par la porte d'entrée. Comme si je n'avais pas assez de paperasse ! Il allait falloir en recruter un nouveau maintenant ! Ah et en attendant se coltiner son travail bien sûr !

Mon regard se posa sur l'homme qui venait d'entrer, il ne manquait plus que lui ! Mise à part une attaque des ombres à ce moment précis, sinon la journée ne pouvait pas être pire. Officiellement, nous étions en bon terme, il était hors de question de partir sans l'avoir salué. Quelle bêtise !

Qui se permettait de crier ainsi ? Les journées étaient déjà assez longues et pénibles pour en plus subir les déboires des autres !

Je levais le regard et croisais celui de mon beau-frère... oui cet être ignoble était de ma famille... J'affichais un sourire de façade et m'avançais vers lui une main tendue.

- Bonjour Lucas.

Je lui serrai la main le plus rapidement possible.

- Mickaël. Tu vas bien ?

Comme si cela m'interessait ? Qu'est ce qui ne fallait pas faire lorsque nous étions en privé !
Je redressais mon col, je remarquais que j'étais bien mieux habillé et que j'avais l'air moins fatigué que lui.

- Je vais toujours bien Lucas.

Je jetais un oeil par la porte d'entrée où l'homme en discussion avec mon beau-frère avait carrement fuit.

- Tu te fait des amis ? Comme toujours...

Oui c'était une pique mesquine. Mais je le devenais facilement à son contact.

- Pour ma défense, je pense que toi aussi tu ne l'aurais pas supporter.

Et j'étais sincère. Sa pique m'avait amusé, voilà que le grand et irréprochable Mickaël devenait mesquin ! C'était ma marque ça.

- Tu aurais pas un assistant en trop à me dépanner ?

- Je sais me tenir en public.

En voici la preuve, je ne l'attaquais pas et je restais courtois.

- Un assistant ? Non, j'en recherche un aussi figure toi.

- Qu'a fait le précédant pour heurter la sensibilité du gentil Mickaël ?

Au moins je n'étais pas le seul à galérer pour trouver du personnel.

- Comment va ta famille ?

- C'est lui qui est partit. Il devait en avoir assez de te croiser sans cesse dans les couloirs.

Je fronçais les sourcils, je n'aimais pas trop parler de famille en sa présence.

- Darla et Tony vont très bien. Leur seconde enfant a fait sa première rentrée à l'académie cette semaine.

Je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit rire. Sa phrase était drôle. Mais par contre j'étais surpris de son ton ironique. Alors qu'il parlait de lui-même comme quelqu'un de franc et d'honète ! Quel sale type. Tout chez lui puait le mensonge. Son mariage était un mensonge, sa paternité aussi. Et certainement plus si je le connaissais mieux ! Qu'est ce que j'aimerai pouvoir faire éclater la vérité au grand jour. Mais si je le faisais, je blesserai l'une des rares personnes à laquelle je tienne encore. Jamais je ne pourrais faire subir cela à Romane.

Dès qu'il parla de Tony je me raidis. Ca c'était un coup bas ! Je respirais calmement par le nez pour ne pas m'énerver plus que je ne l'étais déjà.

- Je me fiche de ce que ton idiote de soeur fait avec mon crétin de frère. Je parlais de ta femme et de vos enfants.

- N'insulte pas ma famille.

Je lui jetais un regard froid. C'était moi qui l'avait provoqué bien sûr mais je ne supportais pas que l'on s'en prenne à Darla. De plus, elle était loin d'être idiote, je la considérais même comme supérieurement intelligente à moi-même.

- Je crois que tu n'as pas de mal à obtenir des nouvelles de Romane, non ?

- Dans ce cas ne m'en parle pas.

Il ne fallait pas se plaindre de me trouver lorsque l'on me cherchait. Ce n'était pas bien d'être mauvais joueur.

- Tu as raison. Mais ne sois pas jaloux Mickaël, nous ne parlons jamais de toi.

Je ne pus retenir le petit sourire suffisant d'apparaître sur mon visage.

C'était rare mais aujourd'hui j'avais extrêmement de mal à rester calme. Lucas jouait avec mes limites je le sentais. Je ne voulais pas le laisser gagner mais c'était idiot de déclencher une nouvelle guerre pour si peu. Je pris plusieurs secondes pour respirer afin de me calmer.

- Je pensais que je t'interessais pourtant. Je suis déçu.

Voilà, ce n'était pas si dur de paraitre calme. Je lui souris en retour.

- J'en sais déjà suffisamment sur toi.

J'avais mes espions et tout le monde parlait toujours de lui, ce n'était pas si dur. Et puis ses opinions politiques n'étaient pas dures à cerner puisqu'il était au conseil tout comme moi.

- Des nouvelles sur les Ombres ?

Je repris mon sérieux car même si je méprisais cet homme de tout mon être, il n'est était pas moins mon plus grand alliés dans la lutte contre les ombres. Je lui fis signe de s'avancer contre un pan de mur pour être à l'abris des oreilles indiscrètes.

- Nous avons eu des soucis à l'académie. Est-ce pas Christal t'a mis au courant ?

J'avais suivis Mickaël contre le mur. Comme lui je savais être sérieux lorsqu'il fallait évoquer ce genre de sujet. Les ombres étaient peut-être la seule chose que je haïssais plus que lui et mon frère.

- Non. Christal n'est pas du genre à prévenir tout le monde avec tout le travail qu'il y a.

J'avais quand même lu une note d’inquiétude dans le ton de sa voix. Je me permis de demander :

- Astelar et Dewara n'ont rien ? Tout va bien ?

Cela me faisait étrange de l'entendre parler de mes enfants. Je savais qu'il les côtoyait. Romane gardait contact avec son frère et nos enfants le voyait de temps en temps. Mais jamais en ma présence. C'était tout de même incongru de l'entendre prononcer leur nom. Malgré tout cela partait d'un bon sentiment alors je lui répondis.

- Ils n'ont rien. Personne n'a été blessé, mais une bombe a été envoyé à l'académie.

- Une bombe ? Elle a été désamorcé je suppose. Les professeurs mécaniques ont du s'en charger.

Je me parlais pour moi-même. C'était la seule conclusion évidente sinon tout Valcam en aurait déjà entendu parlé à cette heure ci. J'appréciais le bon sens de Christal de ne pas ébruiter l'affaire.

- Oui, le concierge a tout de suite vu que c'était un colis anormal. Heureusement.

Christal avait engagé quelqu'un de compétant, au moins nous en avions la preuve.