Déposés !

Nous avions été déposés ici... c'était tellement vexant. Nous ne savions même pas le nom de cette ville ! Ils nous avaient interdit d'en partir et demandé de donner notre nouvelle adresse. C'était tellement idiot ! Nous n'avions rien fait de mal et nous étions traités comme des criminels.

Ils avaient gardés nos deux enfants. Je ne savais pas où ils pouvaient être. Heureusement, ils venaient de partir. Je n'aurais pas supporté les avoir sans cesse dérière nous. Un bureau de change, c'était ce que nous devions trouver en premier. Je me tournais vers mon mari.

- Nous allons nous en sortir n'est-ce pas ?

Tout s'était passé si vite. Comment avions-nous pu en arrivé là ? Avions-nous tout perdu ou bien pouvions-nous revenir en arrière ? Au moins Kristin était avec moi. Daniel et Prudence... où étaient-ils ? Il fallait que je les vois. Que je leur parle...

Je me tournais vers ma femme quand elle m'adressa la parole. Il fallait que je sois fort. Elle avait besoin de moi plus que jamais. Je lui saisis la main.

- Non seulement nous allons nous en sortir mais je te promets que tout va redevenir comme avant. Nous allons retrouver nos enfants et partir de cette ville. C'est une promesse.

Mon époux avait prononcé les mots qu'il fallait. Il semblait si sûr et si confiant. Je lui souris. Je n'étais pas entièrement rassurée mais au moins nous étions ensemble.

- Je sais que tu le feras. Sais-tu où nous sommes ? Devons-nous demander à des passants ?

- Je ne sais pas à qui nous pouvons faire confiance. Nous avons entendu parler de leur argent, c'est bien différent du notre. Essayons de trouver un service de change, d'accord ?

J'essayais de réfléchir à ce qui était le plus impératif. Sans argent nous ne pourrions pas manger ou nous loger. Je savais que la priorité de mon coeur allait à mes enfants mais malheureusement nous devions faire passer le matériel avant.

- Oui tu as raison, avec de l'argent nous pourrons trouver à manger et à dormir.

Je n'évoquais ni Prudence, ni Daniel, ils me manquaient mais ce n'était pas notre priorité.

J'étais soulagé d'avoir un but et soulagé aussi que ma femme accepte mon avis sans sourciller. Je pris sa main et j'avançais avec elle dans la rue.

- C'est étrange. Cela ressemble à une ville normale et pourtant plein de détails sont ... incongrus.

- Oui mais je n'arrive pas à mettre le doigts sur certains.

Je regardais autour de moi et soudain un détail me frappa.

- Mais... il n'y a pas de route !

Je me tournais moi aussi. C'était vrai. Pourquoi il n'y en avait pas ?

- Nous sommes peut-être dans une rue piétonne.

- Comment les magasins se font-ils livrer ?

J'avais peur. Peur de la différence, peur du changement. Ce n'était pas un sentiment agréable. Nous n'avions pas demandé à venir ici. Comment s'adapter seuls dans un monde pareil ?

- Je pense que nous allons avoir besoin d'aide Gabriel.

- Je l'ignore, mais nous allons bien finir par découvrir ce mystère ma chérie.

Je souris tristement à sa dernière phrase. Elle avait raison j'en avais conscience, mais nous ne connaissions personne. De toute façon, comment faire confiance à quelqu'un dans cette ville ? Je serrais sa main un peu plus fort.

- Nous allons nous en sortir.

- Oui, peut-être que lorsque nous aurons toutes les informations nous comprendrons enfin tout et que cela ne nous paraitra pas aussi désespéré que maintenant ?

Au final, notre situation ne pouvait que s'améliorer. Gabriel avait raison, il fallait positiver. Maintenant que nous étions au comble du désespoir, rien de pire ne pouvait arriver.

- Penses-tu que nous devrions nous séparer ?

- C'est fort possible. Nous allons comprendre ce qui ce passe petit à petit.

Elle avait raison. Rien ne pouvait être pire. Alors ça irait forcement mieux. Je réfléchis à sa question plusieurs instants.

- Oui. Mais pas tout de suite. Il faut que l'on trouve un endroit ou un monument symbolique pour avoir un endroit de repère.

- Je n'ai pas envie d'être séparé de toi mais je pense aussi que c'est le mieux. Je ne voulais pas être celle qui le proposerait.

Je mis la main dans la poche de ma veste et en sortit mon téléphone portable.

- Mais nous sommes en centre ville ! Pourquoi est-ce qu'il ne passe pas ?

- Ne t'en fait pas. Je doute que nous soyons en danger. Nous devons dans l'absolu trouver un endroit où dormir, un endroit où manger et un endroit où obtenir des renseignements sur cette ville.

Je regardais tout autour de moi. Dans notre ville on se plaignait que les gens avaient le nez dans leur téléphone mais ici c'était tout le contraire, personne n'en avait.

- Je ne vois pas de distributeurs d'argent non plus. Nous sommes peut-être chez des mormons !

- Non, cela n'y ressemble pas vraiment. Mais peut-être dans une genre de secte un peu étrange. Oh... Ils ont pris nos enfants. Comment allons nous faire ?

J'étais sur le point de fondre en larmes.

- Ils ont l'air trop nombreux pour être une secte. C'est une communauté un peu étrange. C'est tout. Ne t'inquiète pas, je connais la loi. Nous allons nous en sortir.

J'aurais dû prendre une photo ou une vidéo de notre arrestation. Mais de toute façon nos enfants pourraient témoigner. Tout irait bien.

- Oui, j'ai confiance en toi.

Je repérais un étrange monument.

- Tiens regarde, nous pourrions prendre ça comme point de repère.

- D'accord ca me va. Mais établissons quelques règles. On ne s'éloigne pas à plus de trois rues. On doit être de retour à la tombée de la nuit au plus tard. Ca te va ?

Je ne voulais pas prendre le risque de voir ma femme disparaitre aussi. Je ne tiendrais pas le coup.